Aubène Traoré
À Deuil la Barre, Le 7 Décembre 2024
Mué par une forte énergie pulsionnelle, pour devenir un individu responsable et bien dans sa vie, de la naissance à l’adolescence, un enfant se construit et grandit éduqué et aimé par les parents et les adultes qui l’entourent. Ainsi, parents, grands-parents, tantes et oncles, mais aussi enseignant professionnels de soins, chaque adulte a la responsabilité de veiller à sa maturation corporelle, psychique, sociale et affective.
Tant d’adultes autour de lui...malgré qu'il soit entouré, il arrive qu’un enfant ou un adolescent montre des signes de mal-être. Pour autant, faut-il aller consulter un psychologue ou un psychanalyste lorsque son enfant va mal ?
Emmener un enfant ou un adolescent en consultation n'est pas anodin, et ne relève pas d'une prestation de « bien-être » .
C'est une démarche responsable et engagée qui implique l'enfant, son parent et leur désir.
Quand consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste pour enfant ou adolescent?
C'est avant tout l'attention d’un parent ou d’un adulte qui permet de relever des dysfonctionnements inquiétants dans le comportement d’un enfant.
Les espaces sociaux tels que le foyer ou l’école sont les scènes où enfants et adolescents peuvent exposer leurs souffrances sous la forme de symptômes plus ou moins bruyants.
Les effets atteignent l’environnement, les autres et en premier lieux, eux-mêmes.
Ainsi,
Les plaintes,
Les échecs scolaires à répétition,
Les phobies (de vomir, de sortir, de dormir…)
L’hétéroagressivité,
L’intolérance à la frustration,
L’hypersensibilité,
Les troubles alimentaires,
Les troubles du sommeil,
L’isolement,
Les mutilations,
Les pensées suicidaires,
Les crises d’angoisse,
Le harcèlement subi ou agi,
L’agression sexuelle subie ou agie,
Les stéréotypies,
Le désinvestissement, la perte de l'envie
…sont quelques exemples de signes pouvant devenir des motifs pour consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste pour enfants et adolescents.
Qui peut prendre rendez-vous ?
Je réponds aux appels, qu'ils viennent d'un grand-parent, d'une voisine, d'un professionnel de santé ou de l'enseignement.
Mais la prise de rendez-vous se fait par le parent responsable. C'est le désir des parents qui autorise l'enfant à entrer en psychothérapie.
C'est ainsi qu'un parent, parfois les deux, vient en consultation pour demander, avec ses mots, une aide afin de « mieux comprendre le comportement de son enfant», de «lui apprendre à gérer ses émotions », de « lui offrir un espace pour dire ce qu’il ne lui dit pas », ou de « l’aider à changer de comportement ».
Mais attention au langage de l'évidence: tel un train qui peut en cacher un autre, la souffrance d’un enfant vient souvent parler de la souffrance de son parent.
L’enfant « lanceur d’alerte »[1]
Auprès d'un parent dont le psychisme garde inconsciemment des séquelles psycho-affectifs d’une enfance douloureuse, ou la rancœur de conflits psychiques non traités dans sa famille d'enfance, l'enfant qui vient me rendre visite, celui qui est déclaré comme dysfonctionnant, a bricolé inconsciemment des « solutions-symptômes »: troubles du langage, du comportement, de l'alimentation, de l'humeur, de la relation....
Des " solutions-symptômes" qui, au départ sont là pour répondre à leurs besoins d’attention, de contenance, d’identifications, leur recherche d’un cadre clair et ferme.
Sans un traitement psychique qui considère leur qualité de messager, les symptômes insistent et crient plus fort.
Sans être entendu, passé un certain seuil, la digue contenant l'insistance des symptômes, craque, le bricolage cède, le symptôme se déploie et crie plus fort: l’outrance, la désobéissance, la violence, le corps, les relations, l’école, le travail, la famille… toutes les voies sont bonnes à prendre pour enfin faire entendre l’ Alerte !
Ce sont les psychothérapies pour enfants et pour adolescents qui me l'ont enseigné : les effets de la cure sont d'autant plus probants lorsque des parents reconnaissent leur propre souffrance et accepte de la traiter: " je vous ai dit que je venais pour mon fils, je ne pensais pas être moi-même en souffrance" , "(...) depuis que je viens vous voir, ma fille n'a plus ses nausées quotidiennes et ose prendre la parole en classe".
Ainsi, consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste pour enfant ou adolescent, peut être envisagé comme une solution pour l'enfant, mais aussi pour le parent.
La première consultation avec un psychothérapeute vient alors comme un accusé de réception de leur souffrance et de leur message. L'enfant est invité à investir la parole plutôt que l'acte, et lorsque son parent entre en psychothérapie, l'enfant ou l'adolescent se trouve soulagé de cette responsabilité de « lanceur d’alerte mon parent souffre ».
Consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste pour enfants et adolescents, c’est commencer à entendre l’ enfance et l’adolescence autrement.
[1] « Un lanceur d'alerte est toute personne, groupe ou institution qui adresse un signal d'alarme en espérant enclencher un processus de régulation ou de mobilisation collective, après avoir eu connaissance d'un danger, d'un risque ou d'un scandale avéré. » Wikipédia l’encyclopédie libre, « Lanceur d’alerte », Wikipédia, 04 Avril 2024, consulté le 05 Avril 2024, https://fr.wikipedia.org/wiki/Lanceur_d%27alerte#:~:text=Un%20lanceur%20d'alerte%20est,ou%20d'un%20scandale%20avéré.